- Du 26 au 30 août 2019: 7ème édition de la Conférence Internationale de Tokyo (Japon)
- Du 26 au 30 août 2019: Programme des dirigeants internationaux d'ONU-Habitat pour la gouvernance urbaine à l'intention des pays africains (Singapour)
- Du 04 au 07 septembre 2019 : 88ème Foire Internationale d'Izmir (Turquie)
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NOTE SUR LA LOI ANTI-CORRUPTION DE LA REPUBLIQUE DE GUINEE
La République de Guinée,
est engagée dans une lutte contre les
phénomènes de corruption qui affectent négativement son processus de
développement économique. La notion de corruption englobe des pratiques très
diverses et n’est pas abordée de la même manière dans les textes juridiques.
Pour matérialiser cette
volonté de lutter contre la corruption, le pays a institué par Décret D/2017/219/PRG/SGG, la loi L/2017/041/AN du 04 juillet 2017 portant
prévention, détection, et répression de la corruption et des infractions
assimilées.
La mise en place de cet
instrument juridique, traduit ainsi la volonté des autorités guinéennes à se
conformer aux textes juridiques internationaux déjà ratifié notamment :
-
la Convention des Nations Unies contre
la corruption ;
-
la Convention de l’Union Africaine sur
la prévention et la lutte contre la corruption ;
-
le Protocole de la CEDEAO sur la lutte
contre la corruption.
A ces textes
internationaux, s’ajoutent certains textes nationaux notamment :
- la Constitution : elle est la norme suprême de l’Etat et réaffirme la volonté du peuple de promouvoir la bonne gouvernance et de lutter résolument contre la corruption.
- la Loi portant Partenariat Public-Privé : accorde plein droit à toute personne victime d’un acte de corruption ou d’une pratique frauduleuse dans le cadre de la passation ou de l’exécution d’un contrat de partenariat public-privé, d’intenter une action contre l’Etat et toute autre personne physique ou morale impliquée ;
- le
Code Général des Impôts : ce texte précise que la violation des dispositions
relatives à l’interdiction de paiement des Pots-de-vin, sera punie des amendes
et emprisonnements prévus au code pénal ;
- le
Code des Investissements : interpelle tous les
investisseurs de s’abstenir de tout acte de corruption, de concurrence
déloyale, et de tout autre acte assimilé pendant ou après son établissement.
- la Loi Anti-blanchiment
des Capitaux : cette
loi a institué la Cellule Nationale
de Traitement des Informations Financières (CENTIF), institution
habilitée d’apporter son concours à l’agence nationale de lutte contre la
corruption, à chaque fois qu’elle constate des faits de corruption dans son
domaine de compétence ;
- le
Code Pénal : met la corruption et les infractions
assimilées au rang des infractions imprescriptibles et les réprimande sévèrement.
I- IMPORTANCE DE LA LOI ANTI-CORRUPTION
L’adoption de la loi
anti-corruption traduit la volonté du gouvernement de la République de Guinée
d’offrir un environnement juridique sain et favorable à l’amélioration du
climat des affaires. Elle instaure un climat de transparence et de protection
des investisseurs contre les éventuelles corruption ou tentatives de
corruption.
Elle permet également
aux investisseurs victimes d’un acte de corruption ou d’une infraction
assimilée de bénéficier du concours des différents organes impliqués dans la
lutte contre la corruption tant sur le plan national qu’international.
La loi accorde la possibilité à toute personne, employée d’un organisme public ou privé, victime ou témoin des pratiques frauduleuses de pouvoir saisir le Procureur de la République ou l’organe national de lutte contre la corruption afin de sanctionner les fraudeurs et leurs complices.
II- CHAMP D’APPLICATION DE LA LOI ANTI-CORRUPTION
La nouvelle loi
anti-corruption du 04 juillet 2017 régie le cadre juridique et institutionnel
de la corruption en Guinée, elle s’applique aux faits de corruption et aux infractions
assimilées imputables à :
- toute personne investie d’une autorité publique à quelque degré que ce soit, d’un mandat public, privé, électif ou d’une délégation de service public, qui concourt à la gestion des biens de l’Etat ou de ses démembrements, des établissements publics, des sociétés d’économie mixte ou des projets et programmes de développement ;
- toute personne physique ou morale du secteur privé investie d’un mandat public, privé, électif ou d’une délégation de pouvoir ;
- tout agent public ou privé ressortissant d’un Etat étranger, impliqué dans un quelconque acte de corruption ou infraction assimilée visée par la nouvelle loi anti-corruption.
En plus, cette loi
s’applique à chaque fois que les faits de corruption sont commis sur le
territoire national, à bord d’un navire ou aéronef battant pavillon guinéen, à l’étranger à
l’encontre d’un ressortissant guinéen, à l’étranger par un ressortissant
guinéen ou par une personne apatride résidant habituellement en Guinée, à l’étranger
en vue d’un blanchiment sur le territoire national, ou lorsque les faits de
corruption sont commis au préjudice de l’Etat guinéen.
Enfin, lorsque l’auteur supposé se retrouve sur le territoire national et que l’Etat guinéen ne l’extrade pas.
III- PRÉVENTION DE LA CORRUPTION
Pour prévenir les
risques de corruption, la loi a catégorisé les agents publics et interdit le
financement de toute activité politique ou syndicale aux démembrements de
l’Etat, aux entreprises publiques et aux sociétés d’économie mixte.
Dans le corps des
magistrats, l’existence du Conseil Supérieur de la Magistrature est un gage de
protection des investisseurs contre les risques de manipulation de l’appareil
judiciaire. Cette institution constitutionnelle est compétente pour sanctionner
les magistrats accusés des faits de corruption ou infractions assimilées dans
l’exercice de leur fonction.
Par ailleurs, les
établissements, les entreprises et sociétés privées ont l’obligation de
communiquer chaque année à la Cour des Comptes, les paiements qu’ils effectuent
au profit de l’Etat, et les services de l’Etat, les versements qu’ils ont reçus
de ces derniers.
En
matière de comptabilité et d’audit, la loi fait obstacle aux entreprises et
sociétés du secteur privé d’établir des comptes hors livres, d’enregistrer des
dépenses inexistantes ou d’éléments de passif dont l’objet n’est pas
correctement identifié.
Toutefois,
elle les oblige à communiquer au Procureur de la République les résultats des
audits de contrôle ou de vérification de gestion ou de conformité que révèlent
des cas de corruption ou d’infractions assimilées.
Enfin, quant aux lanceurs d’alerte, ils bénéficient d’un statut particulier et d’une protection spéciale de la part de l’Etat contre les actes éventuels de représailles ou d’intimidation, cette protection spéciale s’étend également aux actionnaires, directeurs, secrétaires de société, employés, syndicats enregistrés qui représentent les employés, fournisseurs et employés des fournisseurs et à toute personne qui divulgue des informations objectives et désintéressées.
IV- CADRE INSTITUTIONNEL DE LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
En Guinée, la mission
de lutte contre la corruption relève de la compétence des organes
ci-après :
1) L’Agence Nationale de Lutte
contre la Corruption (ANLC)
L’ANLC est une
structure rattachée à la Présidence de la République par le Décret
D/2012/132/PRG/SGG portant organisation de la Présidence de la République. Elle
a pour mission d’élaborer et de suivre la mise en œuvre de la politique
nationale de bonne gouvernance et de conduire les activités de prévention,
détection et de répression de la corruption et les pratiques assimilées.
Son domaine de
compétence couvre l’ensemble des structures et entités publiques ou privées
quel que soit le mode de gestion, d’organisation ou de localisation
géographique.
Elle peut également se
constituer partie civile devant les juridictions nationales, étrangères ou
internationales.
Le mode de fonctionnement,
les missions, les attributions, la composition et l’organisation de l’ANCL
seront déterminés dans un décret pris en conseil des ministres.
2) La Cellule Nationale de Traitement
des Informations Financières (CENTIF)
La Cellule Nationale de Traitement des Informations
Financières est un service administratif placé sous la tutelle du Ministère
de l’Economie et des Finances. Sans préjudice de ses missions relatives à la
lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, la CENTIF
est chargée pour les cas de corruption d’informer l’organe national de lutte
contre la corruption.
En collaboration avec l’Interpol et l’Agence Nationale de
Lutte contre la Corruption, la CENTIF facilite
auprès du pouvoir judiciaire l’identification et le rapatriement des avoirs mal
acquis et le transfèrement des personnes incriminées.
3)
L’Organisation Internationale de Police
Criminelle (INTERPOL)
Depuis le 4 septembre
1961, la Guinée est membre de l’Organisation
Internationale de Police Criminelle (OIPC ou INTERPOL), une institution de lutte contre les
activités criminelles notamment la corruption sur le plan international. Elle localise, arrête et met à la disposition des autorités compétentes,
des personnes faisant l’objet de
poursuites pour crime par une autorité judiciaire.
Elle a pour mission
de prévenir et combattre la criminalité grâce à une coopération policière
internationale renforcée. Elle permet de renforcer la sécurité nationale afin
de prévenir les activités criminelles.
En Guinée, l’INTERPOL est représentée par le Bureau Central National d’INTERPOL qui est une division de la Direction Centrale de la Police Judiciaire.
V- QUELQUES INFRACTIONS ASSIMILÉES A LA CORRUPTION
- la soustraction ou la tentative de soustraction de fonds publics ou privés ;
- la destruction ou la tentative de destruction des actes, des titres ou tout autre objet auxquels les auteurs ont accès en raison de leur fonction ;
- l’utilisation ou la divulgation sans autorisation, même après cessation de leur fonction, des informations confidentielles auxquelles les auteurs avaient accès en raison de cette fonction ;
- l'utilisation de l'autorité conférée par la fonction pour servir abusivement ses intérêts personnels ou ceux d'autrui ;
- la prise ou la réception d'une participation de quelque nature qu'elle soit dans une entreprise publique ou privée dont l'auteur avait, en raison de sa fonction, la surveillance ou le contrôle, pendant un délai de cinq ans à compter de la cessation de celle-ci, sauf lorsque les capitaux sont reçus par dévolution successorale ;
- l'acceptation,
de manière directe ou indirecte, d'un cadeau ou de tout autre avantage pouvant mettre
le bénéficiaire dans l'obligation morale d'accorder un traitement préférentiel
ou spécial.
L’adoption
de la loi anti-corruption traduit l’engagement du gouvernement guinéen
d’assurer la sécurité juridique et judiciaire dans le monde des affaires et de
garantir la transparence dans la gestion publique.